VALPROATE ET PATERNITÉ
Le valproate (nom commercial Dépakine) est un médicament antiépileptique commercialisé depuis plus de 40 ans, encore couramment utilisé car il constitue notamment le traitement le plus efficace de certains types d’épilepsie, principalement les épilepsies généralisées idiopathiques (20 à 25% des patients).
Depuis plus de 20 ans, nous savons que ce médicament est tératogène, c’est-à-dire qu’il augmente le risque de malformation congénitale pour l’enfant à naître quand il est pris par la femme durant la grossesse, dès la période de conception. De plus, il est apparu plus récemment que la prise de valproate durant la grossesse augmente le risque de trouble du neurodéveloppement, notamment de troubles autistiques. La prise de ce médicament est donc contre-indiquée chez les femmes enceintes. Chez les femmes en âge de procréer, le valproate ne peut être prescrit qu’avec une contraception efficace, quand les médicaments antiépileptiques ne comportant pas (ou peu) de risque tératogène se sont avérés insuffisamment efficaces ou mal tolérés.
En 2023, l’agence européenne du médicament a évoqué la possibilité d’une augmentation du risque de troubles du neurodéveloppement chez les enfants dont le père a été traité par valproate dans les 3 mois qui ont précédé la conception, sur base de données non publiées.
En raison de cette alerte, un avertissement doit être actuellement mentionné dans les notices des médicaments contenant du valproate (« RCP = Résumé des Caractéristiques du Produit ») :
« Par mesure de précaution, les prescripteurs doivent informer les patients de sexe masculin de ce risque potentiel et discuter de la nécessité de mettre en place une contraception efficace (…), pendant le traitement par valproate et pendant au moins 3 mois après l’arrêt du traitement. »
Depuis cette alerte, une étude danoise reprenant les données de 1336 enfants dont le père prenait du valproate a été publiée. https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2819450 L’analyse des résultats ne montre pas d’augmentation du risque de trouble du neurodéveloppement, notamment d’autisme, dans cette population.
Un groupe d’experts en pharmacovigilance pré et postnatale s’est également exprimé dans un article scientifique récent. Il conclut qu’à ce jour le risque de troubles du neurodéveloppement chez l’enfant de pères traités par valproate dans les 3 mois avant la conception n’est pas établi. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bdr2.2392
Sur base de ces éléments, le Centre de référence français sur les agents tératogènes (CRAT) considère qu’il n’est pas justifié de changer, ni a fortiori d’arrêter, un traitement par valproate chez un homme qui souhaite concevoir. http://www.lecrat.fr/19039/
En conclusion, les données les plus récentes dont nous disposons à ce sujet sont rassurantes. Les craintes concernant la prise de valproate chez l’homme n’apparaissent, à ce jour, pas justifiées scientifiquement.